04.03.2007, 20:09
très beau!
La liberté ce n'est pas faire ce qu'on veut, c'est vouloir ce que l'on fait. Pierre Cros.<br />ma bibliothèque <br />ma liste de souhaits
Citations, extraits des meilleurs passages lus
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04.03.2007, 20:09
très beau!
La liberté ce n'est pas faire ce qu'on veut, c'est vouloir ce que l'on fait. Pierre Cros.<br />ma bibliothèque <br />ma liste de souhaits
04.03.2007, 20:41
A la soirée lecture j'ai parlé d'un livre que j'ai adoré. Javais très envie den partager un extrait, mais l écriture est si rythmée, si lyrique, si complexe que jai renoncé à le lire, de peur de massacrer le texte.
Il s'agit de "Merlin" de Michel Rio. Michel Rio dit à propos de ce livre : "Je me suis permis là une scandaleuse appropriation, une trahison réduite dans lespace, mais illimitée dans lesprit, consistant à accaparer sans la moindre piété une grande légende non dans une intention culturelle, esthétique ou didactique, ou toute intention louable inspirée par le bien public et la dévotion à notre héritage, mais à mon seul profit. » ***
Jai cent ans. Un siècle est une éternité à vivre et, après quon la vécu, une pensée fugitive où tout, les commencements, la conscience, linvention et léchec, se ramasse en une expérience sans durée. Je porte le deuil dun monde et de tous ceux qui lont peuplé. Jen suis le seul survivant. Dieu lui-même se meurt, et Satan ne va guère mieux. Cet ancien désir dabsolu, qui ma toujours poussé à agir, rencontre enfin dans linaction un objet indiscutable, et cest labsolu de la solitude. Idéal de plomb. Peut-être ici la discrétion et la modestie ne sont- elles pas convenables. Je dois dire sans doute : jai créé un monde, et il est mort. Ce quil y a de divin dans cette prétention est tempéré par son résultat, qui est un cadavre, et les deux sens du mot « vanité » sannulent pour donner un àpeu-près de néant où je finis. Et cependant je suis entouré de vie. Dès que je passe le seuil de la riche grotte qui abrite ma retraite depuis cinquante ans, je vois des existences sagiter ou se fixer sur la matière morte qui, je le sais à présent, est notre ultime avenir. Il marrive de parler aux animaux et aux arbres. Ils sont sans passé et sans futur, donc sans amertume. Ils obéissent en brutes aveugles à une loi brutale et aveugle. Leur monde dure, et au milieu de lui toutes les traces du mien sont comme des signaux de mort. La grotte est presque au sommet dun amas rocheux qui domine le paysage. De lentrée, exactement là où un demi-siècle auparavant Viviane a accompli un illusoire enchantement destiné à faire de moi son prisonnier sans voir que cétait mon seul désir et que sa chair, non ses discutables pouvoirs, me retenait, le regard pénètre loin sur la terre de Bénoïc. A lhorizon oriental, la forteresse de Trèbes dresse ses hautes ruines noircies au-dessus des boues pâles du marais semées de verdure rase et avivées par les miroirs étincelants des flaques. ( ) Dans le lointain, presque sur la ligne de partage des eaux et du ciel, une forme basse émerge du flot. Avalon. La verte et noire Insula Pomorum. Lîle de la fée, le royaume de Morgane que les marins superstitieux et les voyageurs inquiets, tandis que leurs nefs passent au large, observent en silence, y voyant une terre de magie, de luxure et de mort, un enfer chatoyant peuplé de démons et hanté par les ombres des malheureux qui ont osé approcher la femme la plus belle et la plus terrible de lOccident. ( ) ***
Il va de soi que je le mets volontiers en ring si ça peut intéresser au moins une personne ! ![]()
19.03.2007, 21:00
Endive : n.f.
Sorte de chicorée domestique que l'on élève à l'ombre pour la forcer à blanchir. La caractéristique de l'endive est sa fadeur : l'endive est fade jusqu'à l'exubérance. Sa forme, que l'on peut qualifier de n'importe quoi, genre machin, est fade. Sa couleur, tirant sur rien, avec des reflets indescriptibles à force d'inexistence, est fade. Son odeur, rappelant à l'amnésique qu'il a tout oublié, est fade. Son goût, enfin, puisque, dit-on, de nombreux pénitents mystiques préfèrent en manger plutôt que crapahuter sur les genoux jusqu'à Saint-Jaques-de-Compostelle, atteint dans la fadeur gastronomique des sommets que le rock mondial frôle à peine dans la pauvreté créatrice. L'endive, en tant que vivante apologie herbacée de la fadeur, est l'ennemie de l'homme qu'elle maintient au rang du quelconque, avec des frénésies mitigées, des rêves éteints sitôt rêvés, et même des pinces à vélo. L'homme qui s'adonne à l'endive est aisément reconnaissable, sa démarche est moyenne, la fièvre n'est pas dans ses yeux, il n'a pas de colère et sourit au guichet des ASSEDIC. Il lit Télé 7 jours. Il aime tendrement la banalité. Aux beaux jours, il vote, légèrement persuadé que cela sert à quelque chose. Pierre Desproges - Dictionnaire superflu à l'usage de l'élite et des bien nantins (Seuil 1985)
19.03.2007, 21:23
J'adore Desproges. Pourquoi c'est lui qui est mort si tôt alors que BHL est toujours là?
La liberté ce n'est pas faire ce qu'on veut, c'est vouloir ce que l'on fait. Pierre Cros.<br />ma bibliothèque <br />ma liste de souhaits
19.03.2007, 21:32
Je te répondrai par :
Si ce sont les meilleurs qui partent les premiers, que penser alors des éjaculateurs précoces ? J'ai feuilleté ses bouquins ces derniers jours entre deux poussées de fièvre (chienne de grippe !) et bon sang de boudiou que ce mec écrivait bien, écrivait juste et écrivait vrai. Ca fait toujours vieux con à dire mais quand même : y'en a plus des comme ça.
19.03.2007, 21:39
(02.03.2007, 21:09)labrune link a écrit :Dans un autre fil on évoquait le principe de l'autobus de F'Murr, les Shadocks s'y sont aussi intéressés, mais par le biais des casseroles et des passoires: La preuve en images: http://www.lesshadoks.com/index2.php?page=11
11.04.2007, 16:08
Ces quelques vers qui me sont revenus en mémoire depuis le lycée depuis quelques jours, lorsque la nuit s'annonce et que silence se fait. De circonstance....
Sois sage, Ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille. Tu réclamais le soir ; il descend ; le voici : Une atmosphère obscure enveloppe la ville, Aux uns portant la paix, aux autres le souci. Pendant que des mortels la multitude vile, Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci, Va cueillir des remords dans la fête servile, Ma Douleur, donne-moi la main ; viens par ici, Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années, Sur les balcons du ciel, en robes surannées ; Surgir du fond des eaux le Regret souriant ; Le Soleil moribond s'endormir sous une arche, Et, comme un long linceul traînant à l'Orient, Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.
"Réfléchir, c'est déranger mes pensées"
12.06.2007, 23:12
"L'important ce n'est pas de tomber,
c'est de ne pas rester à terre." Goethe
"Réfléchir, c'est déranger mes pensées"
14.08.2007, 19:48
Au boulot, à 10 mois du premier coup de sifflet, je ne supporte déjà plus la coupe d'Europe de foot. Et ça ne va qu'empirer. Commentaires, prévisions, analyses, rien de pire que des collègues footeux.
Pour me consoler, j'ai imprimé ce magnifique texte de Pierre Desproges tiré des Chroniques de la haine ordinaire (Seuil, 1986) et je l'ai collé à côté de mon bureau : Voici bientôt quatre longues semaines que les gens normaux, j'entends les gens issus de la norme, avec deux bras et deux jambes pour signifier qu'ils existent, subissent à longueur d'antenne les dégradantes contorsions manchotes des hordes encaleçonnées sudoripares qui se disputent sur gazon l'honneur minuscule d'être champions de la balle au pied. Voilà bien la différence entre le singe et le footballeur. Le premier a trop de mains ou pas assez de pieds pour s'abaisser à jouer au football. Le football. Quel sport est plus laid, plus balourd et moins gracieux que le football ? Quelle harmonie, quelle élégance l'esthète de base pourrait-il bien découvrir dans les trottinements patauds de vingt-deux handicapés velus qui poussent des balles comme on pousse un étron, en ahanant des râles vulgaires de boeufs éteints ? Quel bâtard en rut de quel corniaud branlé oserait manifester publiquement sa libido en s'enlaçant frénétiquement comme ils le font par paquets de huit, à grands coups de pattes grasses et mouillées, en ululant des gutturalités simiesques à choquer un rocker d'usine ? Quelle brute glacée, quel monstre décérébré de quel ordre noir oserait rire sur des cadavres comme nous le vîmes en vérité, certain soir du Heysel où vos idoles, calamiteux goalistes extatiques, ont exulté de joie folle au milieu de quarante morts piétinés, tout ça parce que la baballe était dans les bois ? Je vous hais, footballeurs. Vous ne m'avez fait vibrer qu'une fois : le jour où j'ai appris que vous aviez attrapé la chiasse mexicaine en suçant des frites aztèques. J'eusse aimé que les amibes vous coupassent les pattes jusqu'à la fin du tournoi. Mais Dieu n'a pas voulu. Ça ne m'a pas surpris de sa part. Il est des vôtres. Il est comme vous. Il est partout, tout le temps, quoi qu'on fasse et où qu'on se planque, on ne peut y échapper. Quand j'étais petit garçon, je me suis cru longtemps anormal parce que je vous repoussais déjà. Je refusais systématiquement de jouer au foot, à l'école ou dans la rue. On me disait : « Ah, la fille ! » ou bien : « Tiens, il est malade », tellement l'idée d'anormalité est solidement solidaire de la non-footballité. Je vous emmerde. Je n'ai jamais été malade. Quant à la féminité que vous subodoriez, elle est toujours en moi. Et me pousse aux temps chauds à rechercher la compagnie des femmes. Y compris celle des vôtres que je ne rechigne pas à culbuter quand vous vibrez aux stades. Ca fait un bien foot fou ![]()
27.08.2007, 20:08
Ma vie, ma vie, ma très ancienne,
Mon premier vu mal refermé Mon premier amour infirmé Il a fallu que tu reviennes. Il a fallu que je connaisse Ce que la vie a de meilleur, Quand deux corps jouent de leur bonheur Et sans fin sunissent et renaissent. Entré en dépendance entière Je sais le tremblement de lêtre Lhésitation à disparaître Le soleil qui frappe en lisière Et lamour, où tout est facile, Où tout est donné dans linstant. Il existe, au milieu du temps, La possibilité dune île. Michel Houellebecq |
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